A ma sœur Marnia LAZREG
Marnia j’espérais te revoir mais tu t’es envolée tel un oiseau léger Vers le règne de la lumière après avoir fait ce que tu avais à faire Tu as donné ta part avec force et foi en luttant contre toute aliénation Tu voulais aider le monde à s’indigner à se redresser à se relever A choisir le savoir et la paix en le secouant sans concession ni complaisance Tu voulais l’élever pour refuser l’injustice et l’indignité faite à l’être humain Tu voulais réveiller sa conscience pour raisonner et s’humaniser Tu l’as sillonné un peu partout de ton Algérie natale aux Amériques Tu l’as parcouru pays par pays de la vieille Europe jusqu’à l’Afrique Tu lui disais ses vérités et tu as laissé dans ses sillons des grains de ta lumière Tu défendais les droits des femmes rejetées de la sphère de l’humanité entière Tu les défendais avec des mots sincères et ciselés avec la force de ta pensée Ta réflexion profonde ne suivait pas le monde dans son conformisme et son fatalisme Dans sa bêtise sa lâcheté sa violence sa servilité ses courbettes et ses indignités Tu étais engagée pour la vérité et tu as accompli ton devoir avec responsabilité Tu défendais la mémoire vraie et la justice entretenant en lui la nécessaire espérance Toi la noble hirondelle annonciatrice du printemps tu déployais tes belles ailes Pour embrasser la lumière du ciel et l’offrir ainsi à tous les damnés de la terre Refusant pour eux la guerre la faim et la misère tu voulais les libérer de l’obscurité Avec les rayons de ton regard avec tes convictions et tes mots francs et utiles Tu refusais l’hypocrisie la traitrise le qu’en dirait-on le faux la bêtise si futile Tu savais très bien exprimer le réel et dire non à la soumission et à la torture Pratiquée partout aujourd’hui comme hier dans ton pays alors sous la domination Par des criminels de guerre qui cultivaient le racisme le rejet de l’autre et le malheur Déniant la qualité de simples humains à des femmes et à des hommes Qui refusaient qu’on les considère comme de simples bêtes de somme Tu t’étais toujours soulevée contre l’abjecte dictature des plus forts Contre leur manipulation leur falsification de l’histoire et leurs tords Contre leur agression et leurs multiples spoliations des biens des autres Tu défendais le droit à la dignité pour tous les peuples du monde entier Quelles que soient leur foi leur origine la couleur de leur peau Tu refusais l’esclavage et l’exploitation ignoble de la moëlle de leurs os Pour eux tu revendiquais le droit au savoir et celui de choisir leur chemin Le droit de s’émanciper du joug de la domination dans l’exigence totale Dans la critique le bon sens la résistance la franchise et le courage qui ébranlaient Les esprits étriqués remuant leurs coeurs abimés et obstinés Ta clairvoyance effrayait les puissants et leurs serviles sujets Je mesure ma sœur combien ta tâche a été difficile à accomplir ici-bas Tu t’étais opposée d’emblée à la tyrannie et aux règles des grands Qui voulaient et veulent encore commander à la lettre les peuples et leur destinTa pensée dérangeait et ta force de frappe contre leur domination était sans relâche Les mains nues et avec de simples mots tu arrachais le masque en fer des lâches Dans les Amphithéâtres remplis d’étudiants à ta voix et à ton argumentation si attentifs Devant ta sincérité ton érudition tes analyses si étonnantes ils étaient si admiratifs Devant tes réflexions si intéressantes tes nombreuses productions si pertinentes Ta parole de savante ton enseignement et ta pédagogie attiraient divers auditeurs Tu as fait du son de ta voix un baume pour les cœurs car tu su donner de toi-même Le meilleur pour tes enseignés pour les proches pour les lointains et pour nous-mêmes Toi la femme sans âge tu as su donner aussi le meilleur lors de tes voyages Marnia la sage tu n’es point partie en vérité car tu vis et vivras pour l’éternité Que te dire encore sinon que ta présence en moi est plus forte que de ton vivant Je veillerai sois en sûre sur ton beau message et sur tes grains semés et ta belle mémoire Je dirai aux autres la valeur de tes pensées de ta droiture et de ton intégrité Je leur décrirai ta détermination ta spontanéité et ta capacité de transmettrice La douce et bienfaitrice lumière je leur dirai ce que tu as fait ce que tu as réalisé Ce que tu as légué et ton œuvre sera préservée lue commentée admirée et pratiquée Je saurai leur dire et je saurai leur lire haut et fort ton message clair comme le jour Et au fond d’eux-mêmes ils garderont pour toujours une lueur de la clarté de ta lumière Reçois mon Salam ma sœur de toi je serai toujours fière auprès des Justes repose-toi Et que la Miséricorde d’Allah enveloppe pour l’éternité ton âme inchallah Aïcha MAHERZI Toulouse le 13 Mars 2024 Marnia Lazreg était une professeure de sociologie à l'université de New et conférencièresur le plan international sur pludoeurs themes sociologisues comme les questions des femmes, des sociétés traditionnelles et modernes. Elle nous a laissé une œuvre abondante qui est une leçon de justice et d'humanisme: https://marnialazreg.net/ A Woman of Light To my sister, Marnia Lazreg Marnia, I had hoped to see you again, but you flew away like a light bird, Toward the kingdom of light after doing what you had to do. You gave your part with strength and faith in fighting against all alienation. You wanted to help the world to be outraged, to stand up again, To choose knowledge and peace by seizing it without concession or complacency. You wanted to make the world stand against the injustice and indignity done to human beings. You wanted to awaken the world’s conscience to reason and to make the world humanize itself. You set foot in every corner of the world, from your native Algeria to the Americas. You traveled the world country by country from old Europe to Africa. You told the world its truths and you sowed your footsteps with grains of your light. You defended the rights of women rejected from the sphere of humanity entire. You defended women with words sincere and chiseled with the force of your thought. Your profound reflections did not follow the world in its conformism and fatalism, In its stupidity, its cowardice, its violence, its servility, its genuflections and its indignities. Your business was truth and you carried out your work faithfully. You defended memory and justice, maintaining in them the necessary hope. You, the noble swallow, herald of spring, you spread your beautiful wings To embrace the light of heaven and thus offer it to all the damned of the earth. Refusing war, hunger and poverty for them, you wanted to free them from darkness With the rays of your gaze, with your convictions, and with your words frank and useful. You refused hypocrisy, treachery, the what-can-one-say?, falsehood, and stupidity so futile. You knew very well how to describe reality and to say “no” to the subjugation and torture Practiced everywhere today, as yesterday in your country, then under the domination Of war criminals who cultivated racism, the rejection of the other, and unhappiness, Denying simple humanity to women and men Who refused to be considered simple beasts of burden. You always stood against the abject dictatorship of the strongest, Against their manipulation, their falsification of history and their twisting of it, Against their aggression and their destruction of the property of others. You defended the right to dignity of all the world’s peoples, Whatever their faith, their origin, or the color of their skin. You refused their enslavement and the vile exploitation of the marrow of their bones. For them you claimed the right to know and the right to choose their path, The right to emancipate oneself from the yoke of domination in all areas, In criticism, common sense, resistance, frankness, and courage, which shook Narrow minds, stirring their damaged and stubborn hearts. Your clear-sightedness frightened the powerful and their followers. I realize, my sister, how difficult your task was to accomplish here on earth. You opposed from the outset the tyranny and the rules of the great, Who wanted and still want to order to the letter other peoples and their destiny. Your thought disturbed them and the power with which you struck at their domination was unrelenting. With bare hands and with simple words you tore off the iron mask of cowards In lecture halls filled with students so attentive to your voice and your arguments. Faced with your sincerity, your erudition, your astonishing analyses, they were so admiring. Supported by your engaging reflections and your pointed works, Your learned speech, your teaching and your pedagogy attracted a diverse audience. You made of the sound of your voice a balm for hearts because you knew how to give of yourself The best for those you taught, for those close, for those far, and for ourselves. You, the ageless woman, also knew how to give the best during your voyages. Marnia the wise, you are not gone, in truth, because you live and will live for eternity. What else can I tell you other than that your presence in me is stronger than when you were alive? I will watch over your beautiful message and your sown seeds and your beautiful memory. I will tell others the value of your thoughts, your righteousness and your integrity. I will describe to them your determination, your spontaneity and your ability to transmit Gentle and beneficent light. I will tell them what you have done, what you have achieved, What you have bequeathed, and your work will be preserved, read, discussed, admired and practiced. I will know how to tell them and I will know how to read your message loud and clear as day, And deep within themselves they will forever keep a glimmer of the clarity of your light. Receive my Salam, my sister. I will always be proud of you. Among the righteous, rest. And may the mercy of God envelop your soul for eternity. God willing. Aïcha Maherzi Toulouse, the 13th of March, 2024. (Translated by Ramsi Woodcock.) Marnia Lazreg was an historical sociologist at Hunter College and the Graduate Center of the City University of New York who made important contributions to the study of women, colonialism, torture, Islam, and Foucauldian social theory. Her work was a lesson in justice and humanism. More tributes to her life can be found here: https://marnialazreg.net/
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AuthorDr. Aïcha Maherzi ArchivesCategories |